Le management coopératif
ATEMIS a pour objectif ambitieux de construire les conditions d'un travail émancipateur.
Qu'est-ce que le travail ?
Parlons de travail plutôt que d'emploi. L'activité du travail (qu'elle soit rémunérée ou pas) est fondatrice de notre société et de chacun d'entre nous. Quand nous travaillons, nous contribuons à créer de la valeur, d'une part, et nous nous construisons à travers le regard de l'autre. Car nous ne travaillons jamais seul. Le travail est constitutif du lien social, nous construisons notre personnalité; notre manière d'être avec les autres.
Parce qu'il fait appel au le vivre ensemble, le travail est fondamentalement politique. Quand nous arbitrons, dans le cadre du travail, nous portons une visions sociétale et politique. Avant de prendre une décision, a-t-on tenu compte des spécificités de l'autre ou les a-t-on rejeté ?
Le travail a profondément évolué au cours de ces 30 dernières années :
1 - Le travail est devenu plus relationnel
Depuis 1975, l'industrie n'a cessé de décliner et les activités de service de se développer. Aujourd'hui, 80% du travail relèvent d'activités de services (auprès de clients ou internes à l'entreprise).
2 - L'incertitude des marchés s'est accrue
Cela impacte y compris les Jardins de Cocagne, car les consommateurs changent constamment de circuits d'achats. Cette versatilité des marchés a des conséquences importantes pour les entreprises qui doivent s'adapter, qui ne peuvent plus prévoir dans le temps Cela implique un engagement plus fort des salariés qui sont plus sollicités. car il y a un décalage entre le prévisionnel, le travail prescrit et le travail réel. Cette engagement demandé à chacun d'entre nous nous amène à prendre un risque personnel : "est-ce que mon client, mon supérieur hiérarchique, celui que je sers, va être satisfait ?" Cette incertitude engendre une préoccupation, voire une angoisse : l'angoisse d'être au RDV de l'attente. Et cette angoisse engendre une souffrance.
Comment gère-t-on la souffrance générée par l'insatisfaction ?
1 - L'attitude défensive : " ce sont les autres qui ont tort"
Chaque profession reporte sur l'autre la responsabilité de l'insatisfaction. Cette réaction engendre une violence sociale non créative.
2 - Le développement de beaucoup d'énergie
Problème : si cette énergie n'est pas reconnue, les gens tombent malades (burn out, ...).
3 - Mise en place d'une organisation réflexive pour reconnaître le travail
Problème : ce n'est pas facile de reconnaître le travail réel. Le travail est invisible. Les effets sont visibles, les efforts, non. En plus, tout le travail de précaution (pour éviter les risques, ...) ne se voit pas. Le réel dépasse le réalisé. C'est pour ça que l'évaluation individuelle par les résultats est catastrophique. Il faut mettre en place une organisation qui passe par la parole et les groupes d'échanges entre pairs. Cela demande du temps et un savoir-faire en matière d'animation.
Recommandations
Ne pas confondre ce que l'on fait et ce que l'on est
L'expression "savoir-être" est culpabilisante et dramatique. Le travail n'a pas à donner des pré-jugements de valeurs sur les êtres.
Ne pas vouloir tout écouter
C'est important d'écouter, mais attention, quand on écoute on se charge du problème et quand on en a trop sur les épaules, on s'écroule.
> Il faut organiser des groupes de pairs du niveau hiérarchique inférieur qui discutent, règlent les problèmes qu'ils peuvent régler et ne font remonter que ce qui est pertinent. Habituellement, la dynamique de pilotage est descendante. Elle est importante, on a besoin de cadres. Mais ce qui ne fonctionne pas bien, et qui est tout aussi importante, c'est la dynamique ascendante : il ne faut pas faire remonter trop de charge.