La parole des salariés en insertion Cocagne
“Qu’est-ce qu’ils y connaissent à notre réalité ?” “Les pauvres sont mis de côté” “Le marché du travail, c’est marche ou crève” “L’important, c’est le respect”
Entre février et mars, le Réseau Cocagne, qui rassemble plus de 100 fermes biologiques en insertion (les Jardins de Cocagne), parcourt les routes pour recueillir la parole des salariés en insertion. Objectif : faire entendre leur parole au niveau national dans le cadre de la concertation actuelle sur la réforme du secteur inclusion et du plan Pauvreté.
Les Jardins de Cocagne sont en prise directe avec les réalités des personnes défavorisées. Par leurs initiatives, ces structures d’insertion prouvent au quotidien que la fracture entre économie, écologie et précarité n’est pas une fatalité. Dans le cadre de concertations gouvernementales en cours sur les Ambitions pour l'inclusion et du Plan pauvreté, et avant l'annonce d'un "grand débat" suite au mouvement social des "Gilets jaunes", le Réseau Cocagne a souhaité donner la parole aux salariés en insertion travaillant au sein des Jardins de Cocagne.
Parler de mieux vivre pour tous
Ne pas travailler “c’est une angoisse une peur infinie, car faire autre chose quand on est au chômage c’est être d’une classe supérieure…”. « Il ne connaît pas la misère, il travaille dans un bureau ». Quand à chaque fin de mois '“on est dans le rouge”, la demande n’est même plus d’avoir une vie épanouissante. Reste une revendication, essentielle : être respecté. “Dans le travail, l’important, c’est le patron”. Les problèmes managériaux ressortent des débats avec force. Pour beaucoup de salariés en insertion, les expériences professionnelles passées leur a laissé un goût amer : un sentiment de déclassement lié à un management oppressant. et parfois l’insertion peut être vécue comme “péjoratif” et ne “remettant pas en cause le système”. La méritocratie? “ça marche avec le loto ou la musique, pas dans le travail”..
Les fonctions fondamentales de la vie apparaissent quand on évoque ce que permet le travail pour les personnes: la santé physique et psychologique, l’accès à l’éducation, à un logement, faire vivre ses enfants, participer à un effort collectif, jusqu’à “pouvoir payer ses impôts et être un citoyen comme les autres”. Ici, nulle démesure ou déréalisation..Dès lors les questions fusent sur pourquoi les politiques et l’économie ne sont pas toujours au service de ces fondamentaux de la vie?
>> voir également le document du Secours Catholique "grand débat avec les précaires"
Faire de la transition écologique une chance pour les plus précaires
Depuis des décennies maintenant, une économie solidaire de la transition écologique génère une offre de travail accessible aux personnes peu ou pas diplômées. Les associations et entreprises d’insertion ont fait émerger de nouvelles activités comme le recyclage de nombreux déchets, le ré-usage des vêtements ou meubles, l’écoconstruction, la gestion écologique des milieux, les premiers systèmes alimentaires bio locaux et de nombreux services à la personne, ainsi qu’à la mobilité.
Ces supports d’insertion sont aussi des services écologiques accessibles à tous. Les Jardins de Cocagne produisent, grâce au travail de salariés en insertion, des légumes biologiques, Ces légumes peuvent-ils être accessibles à tous ? Pour le Réseau Cocagne, c’est évident mais, en France, le droit à une alimentation de qualité pour tous ne va pas de soi. Manger bio, avoir accès à des espaces naturels, vivre dans des environnements moins toxiques, habiter des logements rénovés et écologiques, … : cette qualité de vie ne doit pas être réservée à une élite. Les bénéfices de la transition écologique doivent être accessibles à tous.
Découvrez les arbres de Cocagne avec les mots clés résumant les souhaits des salariés en insertion : voir galerie
A découvrir : la parole de salariés en insertion en vidéos